Il y a environ trois semaines, une patiente oligophrène me demandait "Docteur, vous savez ce qu'il y a quand on est mort ?". A cette question métaphysique, ma réponse ne pouvait être que décevante et je n'ai pu lui faire part que de mon ignorance. Sa question était néanmoins légitime parce qu'elle résume en quelques mots la condition humaine.
Nous savons tous que nous allons mourir mais nous nous efforçons de ne pas y penser pour rendre notre quotidien tolérable. Il n'y a que la mort ou les maladies graves de nos proches qui nous le rappellent parfois. Nous mettons alors toute notre énergie à très vite l'oublier pour ne pas sombrer dans les pires angoisses existentielles et ne pas perdre le peu de sens que nous avons réussi à mettre dans nos vies.
Parce qu'au final c'est un peu absurde de vivre, non ?
Il y a cette chanson des Smiths "Cemetry Gates" que j'aime beaucoup et qui résume très bien les choses. Ca se déroule dans un cimetière (oui vous vous en doutez ce billet n'est pas des plus gais) :
"So we go inside and we gravely read the stones
All those people all those lives
Where are they now?
With the loves and hates
And passions just like mine
They were born
And then they lived and then they died
Seems so unfair
And I want to cry"
Donc la vie c'est ça : on naît, on vit et on meurt. Peu importe ce qu'il va arriver, c'est toujours comme ça. J'aime à penser qu'il faut donc être un peu hédoniste mais aussi un peu généreux pour donner un peu de sens à cette courte apparition que nous faisons tous sur le théâtre de la vie. J'aime à penser que ça aurait encore moins de sens de n'être que figurant de cette production bigbang-esque. J'aime à penser que ce n'est pas nécessairement le premier rôle qu'il faille obtenir mais peut-être tout simplement son propre rôle, celui qui nous convient à nous et pas nécessairement à notre voisin.
Parce qu'au final, il s'agît bien de cela : être acteur de sa vie et de sa destinée pour y jouer son rôle. Ne pas copier le rôle des autres ou de nos parents. S'efforcer de toute notre âme, et même si certains de nos choix sont inconscients, d'y mettre du nôtre parce qu'un jour ce sera l'heure de notre dernier souffle.
Et quoi de pire au moment de notre dernier souffle que de se dire avant que tout s'arrête "j'aurais dû faire ci ou je regrette d'avoir fait ça". Je ne suis pas certain qu'on meure sans regrets mais ne faut-il pas essayer de mourir pour le moins apaisé ? Que notre dernier souffle ait du sens et résonne avec notre vie. Que l'on puisse se dire "c'était une belle aventure au final, je ne regrette rien" avant de fermer les yeux à tout jamais.
Il y a aussi ce que disent les patients. Certains, après l'annonce d'un diagnostic de maladie incurable, arrivent étonnamment à y voir plus clair dans leur vie et à utiliser le temps qu'il leur reste pour y apporter plus de sens.
La seule chose que l'on puisse faire ici bas c'est donc d'essayer de donner du sens à notre vie. Pour le reste, il y a la foi. J'aimerais bien l'avoir mais j'ai beaucoup de mal. Pourtant cela doit être si agréable d'être convaincu de savoir ce qu'il y a après la vie. Ca ne m'enlèvera pourtant jamais le doute qu'il puisse ne rien y avoir du tout.
Il pourrait aussi y avoir quelque chose d'autre que ce que les religions nous promettent. Les récits d'expérience de mort imminente (near-death experience en anglais) sont souvent fascinants et si l'on ne pourra jamais apporter la preuve de leur caractère "réel", force est de constater qu'ils sont souvent très apaisants pour ceux qui les ont vécus. J'ai en mémoire cette patiente qui m'avait relaté sa propre expérience de mort imminente pendant laquelle elle avait pu échanger avec sa fille récemment décédée. Cet échange l'avait beaucoup aidé dans son travail de deuil et lui avait permis de redonner du sens dans sa vie.
Je me souviens aussi de la mort de mon père qui agonisant, à 84 ans, appelait sa mère au secours. "Maman, maman, maman..." Voir la détresse de son propre père face à la douleur et le voir régresser à un stade infantile, ça fait aussi réfléchir sur le sens de la vie et le mouvement de balancier entre la vieillesse et l'enfance. Ce serait beau de croire à la réincarnation et de se dire qu'après la mort, il y a la vie. Et de penser que notre univers ne fait que connaître des phases d'expansions et de rétractions avant chaque nouveau Big Bang lui-même à l'origine d'un univers identique dans lequel l'on pourrait parfois changer une chose ou deux, histoire de croire à la liberté...
Mais pour l'heure, je crois qu'il faut vivre alors oubliez vite ce texte et mettez une petite dose d'hédonisme et de sens dans votre vie...
Nous savons tous que nous allons mourir mais nous nous efforçons de ne pas y penser pour rendre notre quotidien tolérable. Il n'y a que la mort ou les maladies graves de nos proches qui nous le rappellent parfois. Nous mettons alors toute notre énergie à très vite l'oublier pour ne pas sombrer dans les pires angoisses existentielles et ne pas perdre le peu de sens que nous avons réussi à mettre dans nos vies.
Parce qu'au final c'est un peu absurde de vivre, non ?
Il y a cette chanson des Smiths "Cemetry Gates" que j'aime beaucoup et qui résume très bien les choses. Ca se déroule dans un cimetière (oui vous vous en doutez ce billet n'est pas des plus gais) :
"So we go inside and we gravely read the stones
All those people all those lives
Where are they now?
With the loves and hates
And passions just like mine
They were born
And then they lived and then they died
Seems so unfair
And I want to cry"
Donc la vie c'est ça : on naît, on vit et on meurt. Peu importe ce qu'il va arriver, c'est toujours comme ça. J'aime à penser qu'il faut donc être un peu hédoniste mais aussi un peu généreux pour donner un peu de sens à cette courte apparition que nous faisons tous sur le théâtre de la vie. J'aime à penser que ça aurait encore moins de sens de n'être que figurant de cette production bigbang-esque. J'aime à penser que ce n'est pas nécessairement le premier rôle qu'il faille obtenir mais peut-être tout simplement son propre rôle, celui qui nous convient à nous et pas nécessairement à notre voisin.
Parce qu'au final, il s'agît bien de cela : être acteur de sa vie et de sa destinée pour y jouer son rôle. Ne pas copier le rôle des autres ou de nos parents. S'efforcer de toute notre âme, et même si certains de nos choix sont inconscients, d'y mettre du nôtre parce qu'un jour ce sera l'heure de notre dernier souffle.
Et quoi de pire au moment de notre dernier souffle que de se dire avant que tout s'arrête "j'aurais dû faire ci ou je regrette d'avoir fait ça". Je ne suis pas certain qu'on meure sans regrets mais ne faut-il pas essayer de mourir pour le moins apaisé ? Que notre dernier souffle ait du sens et résonne avec notre vie. Que l'on puisse se dire "c'était une belle aventure au final, je ne regrette rien" avant de fermer les yeux à tout jamais.
Il y a aussi ce que disent les patients. Certains, après l'annonce d'un diagnostic de maladie incurable, arrivent étonnamment à y voir plus clair dans leur vie et à utiliser le temps qu'il leur reste pour y apporter plus de sens.
La seule chose que l'on puisse faire ici bas c'est donc d'essayer de donner du sens à notre vie. Pour le reste, il y a la foi. J'aimerais bien l'avoir mais j'ai beaucoup de mal. Pourtant cela doit être si agréable d'être convaincu de savoir ce qu'il y a après la vie. Ca ne m'enlèvera pourtant jamais le doute qu'il puisse ne rien y avoir du tout.
Il pourrait aussi y avoir quelque chose d'autre que ce que les religions nous promettent. Les récits d'expérience de mort imminente (near-death experience en anglais) sont souvent fascinants et si l'on ne pourra jamais apporter la preuve de leur caractère "réel", force est de constater qu'ils sont souvent très apaisants pour ceux qui les ont vécus. J'ai en mémoire cette patiente qui m'avait relaté sa propre expérience de mort imminente pendant laquelle elle avait pu échanger avec sa fille récemment décédée. Cet échange l'avait beaucoup aidé dans son travail de deuil et lui avait permis de redonner du sens dans sa vie.
Je me souviens aussi de la mort de mon père qui agonisant, à 84 ans, appelait sa mère au secours. "Maman, maman, maman..." Voir la détresse de son propre père face à la douleur et le voir régresser à un stade infantile, ça fait aussi réfléchir sur le sens de la vie et le mouvement de balancier entre la vieillesse et l'enfance. Ce serait beau de croire à la réincarnation et de se dire qu'après la mort, il y a la vie. Et de penser que notre univers ne fait que connaître des phases d'expansions et de rétractions avant chaque nouveau Big Bang lui-même à l'origine d'un univers identique dans lequel l'on pourrait parfois changer une chose ou deux, histoire de croire à la liberté...
Mais pour l'heure, je crois qu'il faut vivre alors oubliez vite ce texte et mettez une petite dose d'hédonisme et de sens dans votre vie...
Je suis fascinée : je dis la même chose à mes patients !
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